Traversée du Canada avec les cocos

J’avoue que ça fait des années, depuis ma vingtaine au moins, que j’entretiens ce rêve fou de faire le tour du monde à vélo. Je me rappelle que lorsque je suis partie à 26 ans faire le tour de l’Australie, sac au dos, mon idée première était de le faire justement sur une bicyclette au nom d’une noble cause comme pour la fondation du cœur… mais je ne me suis jamais vraiment prise au sérieux. C’était plutôt comme un fantasme que je ne voulais pas nécessairement réaliser. Le genre d’aventure qui paraissait mieux dans ma tête que dans la réalité, j’en étais sûre.

Alors, lorsque mon fils a pris goût au vélo l’été passé et qu’il ne cessait de vouloir nous mettre au nouveau défi de se rendre jusqu’à l’Île-des-sœurs, puis jusqu’à Brossard, puis à LaRonde, à deux roues, c’est plutôt à la blague que je lui ai lancé: “et qu’est-ce que tu dirais qu’on fasse la traversée du Canada en vélo?” Du haut de ses 6 ans, avec toute la naïveté et l’entrain de son âge, il m’a répondu “En autant que l’on fasse une pause une fois de temps en temps, d’accord!” Je lui ai promis qu’on ne traverserait pas le Canada comme cela sans arrêt d’un coup et il a joyeusement acquiescé. Ma fille, jamais difficile à convaincre d’embarquer dans une nouvelle aventure, à tout de suite accepté. Mais, j’étais rassurée par le fait que mon mari, de loin le plus rationnel et raisonnable du couple, recevrait l’idée avec une claire négation. Et c’est ce qui est arrivé, il m’a dit que l’idée était complètement dingue et qu’il était hors de question. J’ai joué le beau rôle de le trouver mauvais joueur et d’avoir à accepter malgré moi de ne pas pouvoir réaliser ce rêve. En réalité, dans le fond de moi, j’étais bien rassurée de ce refus.

Jusqu’au jour où, je ne sais pas pourquoi, mon mari a décidé que finalement, il embarquait dans cette folle aventure. Je dois dire que mon amoureux à une personnalité assez intéressante, il paraît toujours plutôt sérieux, sur-organisé et un peu rigide… mais drôlement, il me surprend toujours en embarquant dans les projets les plus inattendus. Je pensais que cette idée allait être trop, mais non, il a décidé de plonger. J’ai donc dû m’assumer et prendre le défi que je nous avais lancé au sérieux. Et c’est comme cela que nous avons acheté quatre billets d’avion à sens unique pour Vancouver.

Je me rappelle de la conversation que j’ai eu avec mon mari lors de notre dernière sortie en amoureux avant notre départ: “Le Canada, c’est le deuxième plus grand pays au monde.” “En effet.” “Les Rocheuses, c’est quand même une chaîne de montagne assez imposante”. “C’est certain”. “On aurait peut-être pu choisir une destination moins ambitieuse, un pays plus petit et plus plat comme la Hollande pour commencer.” Mais bon, me lancer dans le vide avec des défis à la grandeur du Canada, ça me ressemble. J’aime bien aller jusqu’au bout des limites et voir ce que ça donne. Alors, que l’aventure commence.